Quelques mots sur les dernières sorties des salles obscures...


vendredi 30 septembre 2011

We need to talk about Kevin, ou comment terroriser définitivement toutes les futures mamans

Le film retrace la vie et la relation entre Eva et son fils Kevin. Une relation ambigüe, conflictuelle et tendue, où un véritable rapport de forces s'installe entre la mère et le fils. Jusqu'à ce que Kevin devienne un adolescent et commette un crime atroce.
Tilda Swinton est grandiose dans le rôle d'Eva,
le personnage central du film, une mère aimante à la fois effrayée et méfiante de son propre fils. Elle et l'acteur Ezra Miller, qui tient le rôle de Kevin, forment un duo plutôt dérangeant. On pourrait parler du film comme d'un film d'analyse autour de la maternité. Mais l'histoire frôle parfois le scénario d'épouvante, à cause du personnage de Kevin, diabolique et manipulateur. Malgré tout, le film paraît bel et bien réaliste et rappelle même l'actualité, comme les massacres de Columbine ou de Winnenden. Le scénario est construit méthodiquement, concentré principalement sur trois périodes clés de la vie d'Eva, le tout plaqué sur une image où la couleur rouge sang prédomine. Un film puissant et d'une grande violence psychologique.

mardi 27 septembre 2011

Restless... Just another "Love Story"

Voilà le nouveau film de l'esthète Gus Van Sant. Le pitch: Annabel est atteinte d'un cancer. Enoch est étrangement attiré par la mort. Ces deux-là se rencontrent alors qu'Annabel n'a plus que quelques mois à vivre. L'alchimie est immédiate, malgré sa durée de vie déterminée.
Le réalisateur a choisi deux comédiens très bien assortis. D'un côté, Mia Wasikowska, déjà vue dans la série "In Treatment", dans "Alice in Wonderland" puis dans "The Kids are all right", a un charme assez particulier, fragile et malicieux à la fois. De l'autre, Henry Hopper, fils de feu Dennis Hopper, a quelque chose de secret, d'impénétrable et de presque arrogant. Le résultat à l'écran est fort. Évidemment, le scénario ne réserve pas de grandes surprises. Mais les mots et les images sont très beaux, même si le ton est ouvertement mélodramatique, comme une ode à l'amour contre la mort. "Restless" apparaît comme la descendance de "Roméo & Juliette" et autres tragiques "Love Story".

lundi 26 septembre 2011

Un heureux événement, ou la maternité (et ses petits tracas)

En deux films, "Ma vie en l'air" et "Le plus beau jour du reste de ta vie", le réalisateur Rémi Bezançon a vite rejoint ma liste de chouchous. Ses deux films m'ont touchée d'une manière assez vive, parce qu'il sait doser humour et romance juste comme il faut et parce qu'il arrive à me faire rire et pleurer juste ce qu'il faut. Et tout simplement parce qu'il arrive à traiter de sujets qui nous touchent tous: l'amour, la famille et dans ce dernier film, la parentalité.
Attention cependant, "Un heureux événement" n'est pas un film pour les femmes enceintes. Elles pourraient bien flipper pendant le visionnage. Tiré du livre écrit par Eliette Abecassis, le film raconte l'histoire d'un couple qui décide d'avoir un enfant. Tout se bouscule entre eux quand le petit bout arrive.
Parfois drôle, parfois triste, surtout touchante, v
oilà une histoire de couple assez dramatique. La maternité est dépeinte d'une manière un brin plus sombre que d'ordinaire. Le film est plus larmoyant que les deux films précédents de Rémi Bezançon. J'ai tout de même été conquise par quelques brillantes idées scénaristiques, dont la technique de séduction via DVDs avec des titres de films bien choisis. En bref, un joli film, plein de doux sentiments.

L'Apollonide, souvenirs de la maison close, ou comment Bertrand Bonello nous ouvre ses portes

L'Apollonide, réalisé par Bertrand Bonello, est un film construit comme une peinture impressionniste. Cliché de la vie quotidienne de prostituées dans une maison close du début du siècle, aucune intrigue ne s'installe vraiment. Juste quelques faits divers qui font partie de la routine du bordel. L'esthétique et le style du film ont un véritable cachet, quelque chose de vieilli et de patiné dans des tons chauds un peu délavés. Les courbes des corps féminins font penser aux rondeurs esquissées par les peintres italiens. Bref, on retrouve dans la photographie une belle signature artistique. Dommage cependant que le scénario soit aussi pauvre. On assiste essentiellement à l'ennui et au prélassement des femmes. Un film d'atmosphère donc. Malheureusement, deux heures d'atmosphère, ça ne passe vraiment pas vite...

jeudi 15 septembre 2011

Crazy Stupid Love... "Haaave you met Cal?"

Cette fin d'année 2011 est décidément un nouveau départ pour la carrière du beau Ryan Gosling. Il enchaîne trois films qui font beaucoup parler d'eux: "Crazy Stupid Love", "Drive" et "Les Marches du Pouvoir". Depuis le temps que je le suivais dans des petits films indépendants, dont entre autres "Danny Balint", "Calculs meurtriers", "Half Nelson", "Une fiancée pas comme les autres" ou tout récemment "Blue Valentine", je me demandais à quel moment il allait enfin révéler son joli minois au grand public. Dans "Crazy Stupid Love", on découvre d'ailleurs qu'il ne cache pas qu'un joli minois...
Le pitch: Cal Weaver, la quarantaine, traverse une mauvaise passe: sa femme vient de demander le divorce. Il passe plusieurs soirées, attablé à un bar, à noyer son chagrin dans l'alcool, jusqu'à ce qu'un séduisant trentenaire, Jacob Palmer, le repère et décide de le prendre en main: nouveau look, nouveau départ!
Après leur film "I love you Phillip Morris", Glenn Ficarra et John Requa réalisent une nouvelle bonne petite comédie. Un film un brin long, qui s'essouffle parfois un peu, mais qui réserve pas mal de surprises et quelques répliques savoureuses, dont la fameuse "It's like you're photoshopped!" d'Emma Stone devant le torse de Ryan Gosling. Ce dernier et Steve Carell forment un duo comique efficace, entourés d'une jolie brochette d'acteurs, tous hystériques mais tellement drôles, dont Emma Stone, Kevin Bacon, Marisa Tomei ou Julianne Moore. Une bande originale pleine de punch vient rythmer le tout, incluant deux morceaux que j'adore: "Ooh la la" de Goldfrapp et "On the sly" de The Bamboos.

dimanche 11 septembre 2011

Présumé coupable, ou comment outrer avec Outreau

Après le film "Omar m'a tuer" de Roschdy Zem autour de l'affaire d'Omar Raddad, voilà un nouveau film qui met à mal la justice française. De quoi s'inquiéter sérieusement sur notre système...!
Dans "Présumé coupable", le réalisateur Vincent Garenq nous replonge dans l'affaire d'Outreau. Le film retrace le calvaire d'Alain Marécaux, le fameux huissier accusé à tort de pédophilie. Ce scandale judiciaire sordide, tragique et injuste a duré 4 ans avant qu'Alain Marécaux et une vingtaine d'autres personnes soient innocentés.
L'interprétation de Philippe Torreton, qui joue le personnage d'Alain Marécaux, est époustouflante. L'acteur a entre autres perdu près de 27 kilos pour le rôle. Mis à part l'acteur principal follement talentueux, le scénario ne fait que relater les faits, sans construction bien originale. Evidemment, difficile de ne pas être touché ou indigné par l'histoire, surtout lorsque l'on se rappelle que les faits sont bel et bien réels. Malheureusement, le film frôle le mélo et cette affaire, encore fraîche dans nos mémoires, méritait mieux.

vendredi 2 septembre 2011

La Guerre est déclarée, ou la Tumeur et la Paix

Le pitch: Roméo et Juliette se sont rencontrés, se sont aimés et ont eu un bébé. Mais leur fils, le petit Adam, a une très grave maladie. Un combat de tous les jours est alors mené, pour qu'Adam guérisse.
Valérie Donzelli et Jérémie Elkaïm racontent et revivent l'évolution de la maladie de leur fils. Une situation dérangeante, presque impudique, vu que l'histoire est bel et bien réelle, et que les acteurs jouent leur propre rôle.
Le jeu des acteurs est du coup sincère mais parfois un brin naïvement exagéré, comme s'ils avaient ainsi voulu se détacher au maximum de la réalité du récit. Touchant et drôle, dynamique et léger, voilà un joli film plein d'optimisme. Une bonne surprise car j'avais peur de tomber devant un drame lent et plein de tourments. Au final, voilà un petit bonheur de film qui parle d'un sujet grave avec courage et détachement et qui respire la force et la confiance. Tout cela surfe sur une bande son électro-pop, fraîche et planante, incluant des morceaux de Sébastien Tellier, Yuksek, Laurie Anderson ou encore le titre "The bell tolls five" de Peter Von Poehl.