Quelques mots sur les dernières sorties des salles obscures...


mercredi 24 février 2010

A Single Man, ou le suicide était presque parfait

Tom Ford s'est mis au cinéma! Accueilli chaleureusement à la Mostra de Venise en septembre dernier, voilà sa première réalisation sur les écrans.
Le pitch: George Falconer, professeur d'université, vient de perdre son compagnon, Jim, mort dans un accident de voiture. Il semble alors préparer son dernier jour de vie... mais tout ne se passe pas exactement comme prévu.
Tom Ford est un esthète avant tout. Il aborde ici le thème de la solitude en adaptant le livre de Christopher Isherwood 'Un homme au singulier'. Et il nous montre qu'il a pu retranscrire son talent à l'écran. Assez contemplatif, parfois trop, il s'amuse à jouer avec la saturation des images et balance les tons de gris à rouge, suivant l'intensité émotionnelle de chaque séquence, et l'humeur du personnage de George. Comme si à chaque émotion positive, l'image rougissait de plaisir.... Élégance et finesse se dégagent du film. L'acteur britannique Colin Firth a su donner à son personnage une extrême sophistication... une allure tout à fait Tom Fordienne! Beaucoup de style donc dans ce long métrage, mais qui manque peut-être un peu de matière scénaristique, avec des tirades de voix off qui tentent de remplacer un manque de dialogues. A noter que le réalisateur a choisi quelques gravures de mode pour remplir son casting masculin, comme le mannequin Jon Kortajanera ou l'acteur Nicholas Hoult. Vous les retrouverez d'ailleurs tous les deux dans la dernière campagne publicitaire de Tom Ford pour sa collection de lunettes.

Shutter Island, ou l'impossibilité d'une île

Tiré du livre écrit par Dennis Lehane, le même auteur de 'Gone baby gone' et 'Mystic River', voilà enfin le nouveau film de Martin Scorsese! Oui, j'avoue, je répète beaucoup cette rengaine depuis début 2010, mais il faut dire que l'année démarre avec de grands attendus. Et en plus, à cause de ce report de date de sortie, Shutter Island ne sera pas de la partie pour les Oscars 2010... Merci Paramount...
1954: les Marshals Teddy Daniels et son équipier Chuck, arrivent sur Shutter Island pour une affaire de disparition au sein de l'hôpital psychiatrique de l'île, où sont internés de grands criminels. La disparue, Rachel Solando, semble s'être volatilisée de sa cellule. Teddy Daniels commence alors à se poser des questions sur le rôle de l'administration de l'hôpital dans cette disparition. En même temps, il semble hanté par de vieux souvenirs de sa femme, morte dans un incendie.
Le film commence avec des allures de vieux film policier des années 50. La musique, l'image, les jeux des acteurs... bref un petit quelque chose de classique dans le traité. Mais le policier semble alterner avec le drame psychologique, le réalisateur nous plongeant dans les nombreux rêves et délires du protagoniste principal. Je ne pourrai malheureusement pas vous en dire beaucoup plus, de risque de spoiler le film, mais un retournement soudain de situation change toute la donne et la perception du film. Résultat assez surprenant. Un psycho-thriller noir et complexe qui vaut grandement le détour. Le jeu de Leonardo DiCaprio est fort et intense. Dommage, encore une fois, qu'il n'ait pas pu faire partie des nominés aux Oscars... Pour ceux qui ont déjà lu le livre, un témoignage me dit que le film vaut tout de même le coup d'œil, pour la décortication progressive du scénario. On aurait d'ailleurs presque envie d'y retourner après la première projection...!

dimanche 21 février 2010

Fantastic Mr Fox, ou comment Maître Renard, par les odeurs alléché, tint à peu près ces cambriolages

Tiré du célèbre 'Fantastique Maître Renard' de Roald Dahl, voici un petit bijou d'animation tout à fait original et artisanal réalisé par Wes Anderson.
Mr Renard organise un 'plan de maître': le triple cambriolage des riches fermiers Boggis, Bunce et Beam. Évidemment, lorsque ces 3 derniers s'en rendent compte, ils décident de se venger.
Je suis à l'origine une grande fan de l'univers esthétique du réalisateur, vu et apprécié dans des films tels que La famille Tenenbaum,
La vie aquatique ou encore Darjeeling Limited. C'est un pari audacieux que Mr Anderson a réussi à tenir ici, entouré de ses acteurs fétiches, qui ont prêté leur voix aux animaux animés: de Bill Murray à Owen Wilson, en passant par Jason Schwartzman et Adrien Brody. George Clooney et Meryl Streep ont également participé à l'aventure, en interprétant les 2 rôles principaux, Mr et Mme Renard. Un travail de patience et de minutie, filmé image par image pendant près de 2 ans, alors que Wes Anderson travaillait sur d'autres projets cinématographiques en parallèle et pilotait le projet à distance. Comique, unique et esthétique, on sent que chaque détail, au poil près, a été travaillé. Un conte animé à aller voir! Actuellement, Wes Anderson travaille sur le remake du film 'Mon meilleur ami' de Patrice Leconte. En espérant qu'un jour, il se remette également à l'animation!

Valentine's Day, ou not at all love actually

On pourrait penser "ah encore un film comico-sentimentalo-choral!". Eh bien Garry Marshall a essayé de réaliser une comédie romantique, mais la sauce n'a malheureusement pas pris.
Le pitch: c'est le jour de la St Valentin. Reed demande Morley en mariage, Julia veut faire une surprise à Harrison qui est, au passage, marié, Kara, l'attachée de presse de Sean, qui veut faire une révélation à ses fans, organise comme chaque année une fête anti-St-Valentin... Bref, beaucoup d'histoires dans tous les sens, autour d'un thème et d'un seul... l'amuuuur!
Le résultat n'est pas palpitant ni émouvant, et l'issue n'est pas convaincante. Le réalisateur et ses trois scénaristes ne se montrent pas très à l'aise dans l'écriture de chassés-croisés amoureux. Et pourtant, Garry Marshall nous avait déjà montré que la romance était son dada, à travers notamment le classique Pretty woman. Mais d'avoir essayé de traiter plusieurs histoires à la fois, en sort un résultat assez superficiel et peu intéressant. Le casting est certes alléchant, mais même cela ne sauve pas le tout. Je suis pourtant une bonne spectatrice de ce type de réalisation. J'avais même été séduite l'an dernier par 'He's just not that into you' de l'américain Ken Kwapis. Mais, non, rien à faire, toutes les roses et les chocolats de Valentine's Day n'auront pas suffi à me conquérir...

dimanche 14 février 2010

Le Refuge, ou Holy Louise

Je me suis tâtée pour aller voir Le Refuge. Car à chaque nouveau film de François Ozon, je tombe dans le panneau: la bande-annonce me fait envie, je file voir le film et je suis déçue. Mais en même temps, j'aime beaucoup Isabelle Carré. Cette actrice dégage quelque chose qui me fascine, qui me touche. Je me lance alors gaiement dans cette nouvelle aventure Ozonienne.
Mousse et Louis sont trouvés inanimés dans un appartement. Overdose. Louis meurt. Lorsque Mousse se réveille de son coma, le docteur lui apprend qu'elle est enceinte. Mousse doit alors surmonter toute seule son addiction, la mort de son amant et sa grossesse.
Eh bien je suis plutôt contente de m'être laissée tenter par le Refuge. Même si l'on reste dans des prises de vue contemplatives, caractéristiques du réalisateur, forces et fragilités des personnages sont joliment mises en scène. Isabelle Carré est belle et Louis-Ronan Choisy apporte délicatesse et émotion au scénario. Car, grâce à son personnage, Mousse réussit à s'ouvrir et à se détacher progressivement de son refuge. Le réalisateur aborde une nouvelle fois des sujets tels que l'ambigüité des sentiments et des relations, mais avec une extrême sensibilité. Je suis donc agréablement surprise par ce nouveau film de François Ozon... comme quoi, il n'y a que les imbéciles qui ne changent pas d'avis! Et pour ceux qui ont aimé le thème musical du film, l'album "Rivières de plumes" de Louis-Ronan Choisy sera dans les bacs fin mars.

L'Autre Dumas, ou les 2 mousquetaires

Grand dilemme du dimanche après-midi: quel film aller voir? Difficile surtout lorsque l'on a une longue liste, sans avoir aucune priorité... voyons voir... le choix va devoir se faire entre Wolfman ("pas terrible" a dit la grande soeur), Disgrace (qui doit se jouer en tout et pour tout dans 3 cinémas à Paris), le Refuge (sorti depuis plus de 2 semaines) et l'Autre Dumas... Fermons les yeux, et choisissons au hasard... and the winner is... l'Autre Dumas! En sortant de la séance, je me promets de ne plus laisser mon après-midi ciné entre les mains du hasard...
Je suis loin d'être une fan de Gérard Depardieu, j'aime bien Benoît Poelvoorde. Pour son petit côté Jim Carrey à la française, car il arrive à être très bon dans des registres complètement différents, de la comédie à la sensibilité. Mais dans l'Autre Dumas, le scénario ne met personne à son avantage. Le film traite de la relation entre Alexandre Dumas et son assistant/associé écrivain Auguste Maquet, en pleine période pré-révolution de 1848. Pas grand chose à dire sur le film, mis à part le fait que les personnages sont tous assez détestables. On suit la relation dominé-dominant qui existe entre Dumas et Maquet. Le réalisateur Saffy Nebbou a voulu mettre en scène une mini intrigue amoureuse au milieu de tout cela, mais elle ne donne pas plus de relief à l'ensemble.
A noter une petite apparition d'Alexis Michalik, que je cite ici parce que je l'adore comme comédien plutôt que comme acteur, et qu'il faut absolument le voir au théâtre avec sa compagnie Los Figaros (voir leur site web). Leurs adaptations déjantées de grands classiques sont délicieuses, j'ai nommé "La mégère à peu près apprivoisée" (en ce moment au théâtre du Splendid) et "Roméo et Juliette"! Allez-y vite!

mercredi 10 février 2010

Lovely bones... Créature céleste

Susie est assassinée. Elle peut alors observer ses proches, coincée dans l'entre-deux-mondes, entre la Terre et le Paradis. Elle refuse de laisser sa famille, refuse d'être morte, veut être vengée. Elle suit alors l'enquête menée sur Terre pour élucider son meurtre.
Même si le film est construit de manière assez originale et intéressante, Peter Jackson a voulu poser une réflexion un peu trop philosophique sur l'acceptation de la mort. A chaque scène où l'on voit Susie dans cet entre-deux-mondes, je décrochais... Et pourtant, l'esthétique et les effets sont réussis. Mais ce côté très, voire trop, spirituel, saupoudré de mélancolie et de quelques lenteurs, m'ont un peu perdue. Pour la partie 'terrienne' du film, Peter Jackson arrive à nous tenir crispés sur nos sièges en associant savamment suspense, enquête policière et émotion. Les acteurs sont aussi très touchants, notamment l'Irlandaise Saoirse Ronan, qui interprète le rôle de Susie (une frimousse qui me fait bizarrement penser à Sylvie Testud...). Stanley Tucci, lui, s'est transformé en dangereux pervers de manière terriblement efficace.
Un avis mitigé donc, avec cependant un gros coup de cœur pour la bande originale du film, ponctuée de petits bijoux musicaux.

mardi 9 février 2010

I love you Phillip Morris, ou The Steven Show

En voilà un, de film, qui s'est fait rudement attendre! Mais il est enfin sur les toiles, avec un Jim Carrey toujours aussi en forme, clamant à tout va "I love you Phillip Morris"! Attention, cette histoire est entièrement vraie. Oui oui. On a du mal à y croire et pourtant...
Depuis un grave accident de voiture, Steven Russell décide de vivre pleinement sa vie, de quitter sa femme et d'assumer complètement son homosexualité. De dépense en dépense, il devient un arnaqueur de haut vol pour couvrir les frais de sa nouvelle vie. S'ensuit un petit séjour en prison... C'est alors qu'il rencontre l'amour de sa vie, Phillip Morris. L'homme pour qui il sera prêt à tout, à n'importe quel prix.
J'avais un peu peur que le film glisse dans le burlesque Jim Carreyien dont je ne suis pas une grande fan. D'autant plus que le scénario avait un sacré potentiel de grimaces et de gags en tout genre. Et pourtant le film s'en sort plutôt très bien, gardant un esprit de comédie vraie et sincère. Le jeu d'Ewan McGregor frôlerait peut-être un brin la caricature, mais la performance de Jim Carrey est sans doute l'une de ses meilleures, aux côtés de ses rôles dans The Truman Show et Eternal sunshine of a spotless mind. Le couple Carrey-McGregor est touchant et harmonieux. Et même si la comédie gay est un genre qui a le vent en poupe, c'est loin d'être le sujet principal du film. Il s'agit avant tout ici d'amour et d'arnaque, et ceci donne tout son charme au film. A noter tout de même que les réalisateurs ont eu du mal à trouver des producteurs prêts à investir dans une histoire d'amour homosexuelle, d'où la participation du français Luc Besson au financement...
Pendant ce temps, le vrai Steven Russell, surnommé 'Houdini' et 'King Con', est toujours enfermé dans une cellule de prison au Texas, et le faux Steven Russell, j'ai nommé Jim Carrey, fait son show sur le plateau de TF1....!

dimanche 7 février 2010

Sherlock Holmes... Elémentaire mon cher Robert!

Le pitch: Holmes et Watson viennent tout juste d'arrêter Lord Blackwood pour une série de meurtres. Mais au moment de son exécution, ce dernier annonce à l'assemblée qu'il va revenir d'entre les morts pour se venger. Chose dite, chose apparemment faite. Holmes et Watson mènent alors l'enquête.
Guy Ritchie peut être un virtuose du montage rythmé et rock'n roll. Il suffit de regarder Snatch pour comprendre comment il aime jouer avec la construction de ses films. Rock'n rolla est aussi un bon exemple, même si un brin moins dynamique et savoureux. On s'attend donc forcément à un Sherlock Holmes moderne et plein d'entrain. Malgré tout, le réalisateur a troqué son originalité contre un film d'action un peu commun, gardant une esthétique certaine dans l'image, mais au scénario très classique se balançant entre policier et suspense, et alternant les scènes d'action et les longs dialogues de manière irrégulière.
Pas de coup de cœur donc pour ce Sherlock Holmes. J'ai quand même réussi à être séduite par J
ude Law et Robert Downey Jr, qui gardent une bonne énergie tout le long du film dans leurs rôles respectifs de Dr Watson et Sherlock Holmes, et à être troublée par l'acteur Mark Strong (le méchant Blackwood du casting), qui me fait toujours autant penser à Andy Garcia...
Pour ceux qui ont tout de même aimé, une suite est prévue pour 2011, avec un Brad Pitt en plus dans le casting. Sacré Guy... Il aura réussi à m'inciter à aller voir la suite malgré tout!

Brothers... O'Brothers, where art ye?

Il a suffi d'un coup d'œil sur le casting pour me donner envie d'aller voir Brothers. Natalie Portman, Jake Gyllenhaal et Tobey Maguire...! Que demander de plus! De jeunes acteurs brillants et bourrés de charme. Je connais le réalisateur, Jim Sheridan, seulement via son film In America, un film touchant, où de petites larmes ont bien été versées, présentant une famille irlandaise sans le sou venant s'installer à New York.
Dans Brothers, on reste sur le ton de la tragédie, mais dans un tout autre thème: le Capitaine Sam Cahill doit repartir en Afghanistan et laisser une fois de plus sa femme, Grace, et ses deux petites filles chez lui, aux Etats-Unis. Il est soudainement déclaré disparu. Son frère, Tommy, prend alors soin de la petite famille. Sam est finalement retrouvé, à la grande surprise et joie de tous, et rentre, traumatisé de son expérience afghane.
In America frôlait déjà un brin le mélo mais restait tout de même émouvant. Ici, on est à nouveau à cette dangereuse frontière, avec un scénario qui glisse parfois dans le larmoyant. Les personnages sont magnifiquement interprétés, de Tobey Maguire en soldat abîmé par ce qu'il a vu et vécu, à Natalie Portman en jeune veuve. Le scénario se tient bien, en alternant les points de vue, entre la violence de la guerre et des tortures que Sam subit, et l'ambiance familiale autour de Grace. Mais il y avait malheureusement une petite pointe de 'too much' qui m'a parfois gênée. Une mention spéciale pour les deux petites filles, Taylor Geare et Bailee Madison, qui se débrouillent joliment bien.