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dimanche 9 mai 2010

Enter the Void, ou comment s'enfoncer dans le vide tokyoïte

Gaspar Noé n'avait pas donné beaucoup de nouvelles depuis Irréversible, un objet filmique qui avait créé moultes polémiques, mais que j'avais aimé. Le travail sur le montage du film m'avait bien bousculée, et m'avait fait comprendre jusqu'à quel point les images peuvent être manipulatrices. Du coup, très naïvement, j'ai voulu voir cette nouvelle réalisation expérimentale, histoire de voir si elle serait aussi intéressante que la précédente. Ça aurait pu l'être si Gaspar Noé n'avait pas avalé 8 cachets d'ecsta et sniffé un rail de coke au milieu de l'écriture du scénario...
Oscar vit à Tokyo avec sa sœur, Linda. Dealer de drogue, il se fait attraper par la police et reçoit une balle en pleine poitrine. Alors qu'il meurt, il se souvient de tous les moments marquants de sa vie. Puis son esprit revient dans le présent, pour rester près de sa sœur, à qui il a promis de ne jamais la quitter.
Au secours!! Voilà mon appréciation globale du film. Et pourtant, l'histoire semblait plutôt bien se développer au départ, tant que l'on explorait les souvenirs d'Oscar. Mais très vite, tout perd pied, et l'esprit d'Oscar divague entre fantasmes, lumières surexposées et tentative de reconstitution des événements faisant suite à la mort d'Oscar. Les transitions entre les personnages deviennent interminables, l'esprit d'Oscar balayant à chaque fois Tokyo de long en large. On en devient aussi stone que le personnage principal. Le réalisateur a juste trouvé le moyen de nous réveiller ponctuellement en présentant des scènes ultra brutales ou dérangeantes (entre autres, scènes d'accident de voiture ou d'avortement en live). L'esthétique est certes soigneusement travaillée, mais j'ai vraiment eu l'impression de m'enfoncer dans un vide scénaristique pendant 2h30. Le semblant d'histoire du début vire au grand capharnaüm filmique, pour finir sur un fantasme mêlant sexe et enfantement. En résumé... au secours!
!

1 commentaire:

  1. Anonyme16/5/10

    Hmmm! Pas du tout d'accord m'zelle : ce film est génial… à condition d’être sensible au fond du film. Encore une fois, tout comme Irréversible , le risque est de rester bloqué sur quelques scènes violentes et, du coup, ne pas se rendre compte que Gaspar Noé est avant tout un romantique qui nous raconte une belle histoire d'amour... dans un monde trash !

    Dans ce dernier film, de mon point de vue, il illustre l'un des gros problèmes de nos sociétés modernes: la recherche du plaisir a remplacé la recherche du bonheur. Alors que la société des années 60/70 s’est appropriée les innovations technologiques pour se libérer du quotidien et se consacrer à la recherche du bonheur (peaaaace and loooove), notre société actuelle se concentre elle sur la recherche du plaisir (drogues, binge drinking, red light districts,…) . Cette obsession du plaisir à tout prix fait que celui-ci n’apporte pas un épanouissement et un bonheur durable. Voilà, pour moi, le fond du film et la justification du choix de la ville de Tokyo.

    Ensuite, sur la forme, je te concède qu’il y a peut être quelques longueurs. Mais, malgré tout, les 2h30 passent plutôt bien et permettent de s’immerger complètement. S’agissant du côté trash, je trouve la scène d'avortement de Gaspar Noé très soft face à la même scène présentée dans "Les femmes du Caire", film égyptien qui n'est pourtant pas considéré comme ultra violent. Enter the Void et donc beaucoup moins hard que Irréversible à ce niveau là. Efin, s’agissant des effets visuels, le film est extraordinaire. Une petite révolution technique et artistique ! Et, à la différence des blockbusters américains, ces effets visuels servent au fond du film en immergeant le spectateur dans les scènes.

    Conclusion : Enter the Void est le petit frère d’Orange Mécanique. C’est un film qui s’expérimente plus qu’il ne se regarde. Mais c’est aussi un film qui nous laisse méditer sur les dérives de notre société. Certains y verront un chef d’œuvre, d’autres n’apprécieront pas du tout…

    Steve

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